Non, tout le monde ne pourra pas faire (auto)entrepreneur

IMPORTANT : tout ce que j’écris dans cet article, comme dans tous les autres sur mon blog, présente mon opinion personnelle, et non une vérité absolue et immuable. Cela va de soi, mais je préfère le rappeler : il appartient à chacun et à chacune de se faire sa propre opinion sur les sujets traités. Mon avis peut s’avérer subjectif. J’écris toujours ce que je pense, mais l’humain n’est pas infaillible ! Bonne lecture 🙂

A l’heure de l’internet 3.0, se multiplient des publicités et publications qui font miroiter des mirages de réussite « infinie » aux êtres perdus sur un chemin d’errance, dilettantes et inaptes à toute forme de régularité sur le moyen-long terme, en résumé : ceux que nous appelons souvent « les inadaptés », les plus faibles (physiquement ou psychologiquement), les plus fragiles (synonyme de « faibles » lol) ; tous ceux qui se voient « écrasés » par les roues idéologiques imposantes du « new âge médiatique », une doctrine extrêmement répandue dans les réseaux sociaux et qui enseigne aux individus l’idée que tout dépendrait de leur unique volonté, au mépris de toutes les expériences vécues qui mènent au constat inverse, et qui avance l’hypothèse que tout le monde disposerait d’un « potentiel » identique… une illusion que la simple observation de nos corps contredit ; par exemple, je mesure 1,65 m et mon meilleur ami 1,85 m. Je suis doté de beaux yeux bleus (merci Dieu, l’Univers et la nature !) tandis que certains individus « brillent » par d’autres caractéristiques ; en terme de « scénarios » de vie : certains « réussissent » facilement et rapidement, tandis que d’autres galèrent, et réduire cette différence à l’unique notion de « mode de pensée » reflète l’ignorance d’une croyance erronée.

Analysons quelques instants la structure globale de l’économie actuelle : composée de sur-concurrence, utilisant une sur-productivité à des fins de sur-consommation massive, elle surexcite l’esprit humain de comparaison et de compétition. Dans ce schéma bel et bien réel, il y a chaque jour des gagnants et des perdants ; c’est un jeu de Monopoly géant.

Imitation de la chaîne alimentaire, l’économie se compose d’immenses, gros, moyens, petits et « micro » acteurs. L’un des principes centraux est le suivant : le gros « absorbe » le petit, comme l’ours dévore le saumon.

Alors ce qui me fait littéralement enrager, c’est d’entendre des « marchands de sable » faire miroiter une réussite comme si le monde, l’humanité, n’attendait que « ton rayonnement » (lol ++++++++++++++++) XDDD ^^

OUI, IL Y A QUELQUES PERSONNES QUI RÉUSSISSENT ; OUI, DANS L’ABSOLU, CELA N’EST PAS IMPOSSIBLE A 100%. MAIS N’OUBLIE JAMAIS DE PRÉCISER L’AUTRE ASPECT DE LA RÉALITÉ : TOUT LE MONDE NE RÉUSSIRA PAS, MÊME EN USANT DE LA JOIE LA PLUS AUTHENTIQUE, CAR LES STRUCTURES MÊMES DE L’ÉCONOMIE NE SONT PAS FAITES POUR QUE TOUT LE MONDE RÉUSSISSE.

Pour 1 personne qui réussit et que l’on voit s’exprimer sur les réseaux sociaux, combien d’invisibles, d’anonymes, qui y ont cru de tout leur coeur, ont essayé de toute leur joie, et ont déchanté ?

C’est à cause du désespoir qui suit les désillusions issues la plupart du temps de ces mirages que des gens se suicident (Ok, il y a aussi beaucoup d’autres raisons). Alors non, ce n’est pas joyeux, mais comme vous n’en parlerez jamais parce que ça ne fait pas « marketing », parce que ce n’est pas bon pour le business, il faut bien que des êtres comme moi en parlent, à l’oral ou à l’écrit (en cette fin de matinée, j’ai ressenti l’appel de WordPress pour écrire cet article ; peu importe le nombre de personnes qui le liront ou éventuellement, l’aimeront).

Je me suis interrogé sur le fait que nous utilisons exclusivement le mot anglais « marketing » pour ce que nous pourrions désigner beaucoup plus poétiquement comme « l’art de savoir vendre » (peut-être parce que l’unique idée qui réside derrière ce concept est celle de générer du profit financier). C’est comme si le fait de « vendre » était considéré comme impie. Pourtant, il n’y a rien de mal en cela, si les prix sont corrects et les produits (ou articles, services…), de qualité. Mais voici : nous n’avons pas encore trouvé, en France, un mot ou une expression française pour désigner cet acte. Au niveau de notre inconscient collectif, cela me révèle une forme de culpabilité, et « in fine », me renvoie au constat (et non « jugement ») suivant : la vente, comme le troc d’ailleurs, mènera toujours à l’exclusion de celui ou de celle qui n’a rien. Or, dans notre pays où l’idée « d’égalité » dispose depuis plusieurs siècles d’une histoire aussi passionnée que mouvementée, le principe même d’exclusion (voire d’exclusivité) est peu supportée. Bon, c’est Ok « qu’en surface », presque tout le monde s’en moque, mais inconsciemment, il n’en n’est pas du tout ainsi (oui, c’est comme quand on contemple un tableau : ce dernier se constitue d’un premier plan, d’un second plan et d’un arrière-plan. Ici, au 1er plan apparaît l’individualisme, et l’utopie « d’égalité » se situe à l’arrière-plan, DONC ancrée profondément, source d’espoir d’une multitude d’individus, et peut-être même, là encore inconsciemment, de toute l’humanité actuelle. « Bon ou pas », « bien ou mal », tout dépend des éléments qui composent cette idée d’égalité, si l’on parle de liberté ou d’esclavage, par exemple ; nous savons qu’en France, c’est officiellement la liberté).

Que tous les « marchands d’illusions » actuels précisent bien à leurs auditeurs les plus naïfs que tout le monde ne fera pas (auto)entrepreneur ; que les exigences du salariat, dans le cadre des structures économiques actuelles, vont considérablement augmenter et qu’un pan entier de notre société française va devoir lâcher la rampe. Rayonner, c’est merveilleux ; rassurer ton prochain, c’est beau, mais faire croire aux gens qu’ils feront tous (auto)-entrepreneurs et qu’ils deviendront millionnaires « parce qu’il leur suffit » d’utiliser la méthode « MOT « VENDEUR » + ILLIMITÉ(E) » constitue une technique de marketing particulièrement agressive qui vise à pêcher tous ces individus perdus qui n’ont plus grand-chose, voire carrément « rien » à perdre et tous les autres qui ne disposent pas du sens de la prudence élémentaire de se méfier des loups déguisés en agneaux, des renards travestis en poules ou des ours grimés en saumons (autant d’idées bestiales pour Halloween, et oui, l’humour est universel ^^ même si ici, le sujet ne prête pas beaucoup à sourire). Dernière catégorie, et ceux-là seuls savent peut-être ce qu’ils font en souscrivant à certaines offres qui demeureront illusoires pour le plus grand nombre : quelques individus qui « réussissent » déjà, car pour eux, c’est le mode « fonceur/fonceuse » qui fonctionne. Mais le remède pour certains est aussi un poison pour d’autres, nous ne sommes pas tous identiques (mais t’inquiète, quand les humains seront devenus des cyborgs immortels à la performance illimitée, tu n’auras plus besoin d’exercer le sens des subtilités ; c’est en cela que l’idéologie sous-jacente des « marchands d’illusions » rejoint celle du capitalisme sauvage).

Quel est l’avenir de l’économie ? Chaque jour, nous entendons parler de son effondrement ; nous pouvons presque le « programmer », plus ou moins inconsciemment. Alors, l’ère d’un nouveau paradigme émerge-t-elle réellement ? Hélas, j’en doute extrêmement fort car l’histoire de notre humanité a démontré comment les meilleure intentions se sont bien trop souvent transformées en drames… toujours, systématiquement, presque « mécaniquement » et d’une manière aussi prévisible qu’un planning établi par un assistant administratif compétent, les rapports de force, voire la tyrannie, ont repris le dessus, car notre vague d’humanité « est ce qu’elle est » et parce que, « un peu malheureusement », elle n’a encore, en profondeur, presque rien appris. Pure génie technique et technologique, notre humanité reste à la traîne sur les plans humain et sociétal. Et aller vendre aux gens des concepts de « MOT VENDEUR + ILLIMITÉ » fait profondément appel à leur partie « prédatrice ». Quand cesserons-nous d’alimenter des fantasmes de toute-puissance ? Oui, c’est super de se sentir « puissant », parfois. Mais n’est-il pas prioritaire, à l’heure où j’écris ces lignes, de parler D’HARMONIE ?

François

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